Famille des Volontaires du SMSI
Rapport de la Phase 1

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Annexe 3: Rapport de la Conférence sur le Volontariat et les TIC

Genève, Suisse, 7 au 8 décembre 2003

Allocutions de bienvenues

Date:

7 décembre 2003, 9 à 9h30

Modérateur:

Viola Krebs d’ICVolontaires et Point de Contact de la Famille des Volontaires du SMSI

Rapporteurs:

Laila Petrone, Cornelia Rauchberger

Orateurs:

  • Liz Burns, IAVE 

  • Alain Clerc, Bureau de la Société Civile du SMSI

Liz Burns de la International Association for Volunteer Effort (IAVE) a parlé de l’importance du volontariat et de l’influence de la société civile sur le développement technologique. Dans son discours de bienvenue, Liz Burns a rendu hommage aux écrivains de science fiction qui nous ont mis en garde contre la prise du pouvoir de la technologie. Puis elle ajouté: "Je ne suis pas une experte en informatique, mais ce que je sais c’est qu’il est essentiel pour nous de ne pas oublier la dimension humaine dans notre réflexion."

Alain Clerc de la Division de la Société Civile du SMSI a expliqué brièvement les origines du Sommet. L’Union Internationale des Télécommunications (UIT), d’autres agences de l’ONU, des gouvernements mais également la société civile et le secteur privé ont été des acteurs clés impliqués dans la préparation et la mise en oeuvre de la phase de Genève. Depuis la Conférence africaine régionale de mai 2002 (Bamako), le Sommet a donné l’occasion de construire et de partager une nouvelle vision de l’avenir pour la société technologique. M. Clerc a également mis l’accent sur le fait que les gouvernements ont besoin d’une grande aide d’un ensemble d’acteurs pour atteindre leurs objectifs. Pour cette réalisation, la société civile en générale et le secteur du volontariat en particulier jouent un rôle fondamental. M. Clerc a ensuite expliqué que lorsque la proposition avait été faite de créer la Famille des Volontaires au sein du Bureau International de la Société Civile, il s’était d’abord interrogé sur la pertinence d’une telle création. Avec le temps, a-t-il expliqué, il a appris davantage sur la place et la contribution importante des volontaires dans la création d’une société de l’information ouverte et inclusive.

Date:

7 décembre 2003, 9h30 à 10h15

Modérateur:

Viola Krebs d’ICVolontaires et Point de Contact de la Famille des Volontaires du SMSI

Rapporteurs:

Randy Schmieder, Laila Petrone, Cornelia Rauchberger

Orateurs:

Susan Ellis, Energize

Cette session avait pour objectif de présenter différents points de vue sur ce qui était souhaitable en matière de développement future du volontariat dans la société de l’information. Malheureusement, Rose Ekeleme d’IAVE Nigeria, n’ayant pas pu obtenir un visa pour la Suisse, n’a pas pu participer à la session.

Susan Ellis (Présidente d’Energize) a souligné l’importance de l’action citoyenne. Elle a expliqué comment Internet est utilisé comme outil de mobilisation de volontaires et comment il avait transformé le monde du volontariat. Energize Inc., un groupe installé en Philadelphie aux Etats-Unis, travaille à l’échelle internationale dans le domaine du volontariat et du bénévolat. Ellis a expliqué qu’Enegize s’était mis sur le web il y a neuf ans, lorsqu’Internet était encore à ses débuts. Aujourd’hui, www.energizeinc.com est une ressource web importante dans le domaine du volontariat.

Cependant, Ellis a rappelé que quelque soit l’expertise qu’une personne prétend avoir dans le domaine du web, il faut "garder à l’esprit que personne n’a plus de douze ans d’expérience dans le domaine." , Comme on pouvait s’y attendre, Ellis avait des propos très élogieux à l’égard du web: selon elle, "le courrier électronique nous permet de communiquer en privé et en public selon nos besoins" (…) "[il est] simultanément public et intime"; puis elle a ajouté que grâce à Internet, "tous ceux qui souhaitent communiquer peuvent le faire." Finalement elle a souligné que "la mauvaise information ne s’améliore pas avec Internet, elle est juste diffusée plus loin."

Elle a également parlé de l’utilité et des avantages du web pour un ensemble de tâches allant de la communication à la collecte de fonds.

Selon Ellis, l’accès sans fil au web peut devenir un outil fondamental pour l’avenir, particulièrement dans des régions éloignées. Elle voit les volontaires et les bénévoles comme des "pionniers" et "des voix de l’avenir". Selon elle, Internet étant un moyen de communication potentiellement révolutionnaire: "les bons gouvernements devraient s’en réjouir et les mauvais devraient le craindre".

Cependant, Ellis a rapidement souligné que le pouvoir d’Internet comportait également des risques. En effet, bien qu’elle soit "personnellement convaincue qu’Internet offre plus d’avantages que d’inconvénients, elle a affirmé qu’elle ne voulait pas être que positive. Parmi ses inquiétudes, elle a mentionné:

  • L’adoption rapide des technologies sans fils qui pourraient comporter des risques;
  • Le fait que l’anglais soit la langue principale de communication sur Internet exige de certains internautes un niveau d’éducation et des compétences en anglais qu’ils n’ont pas, ce qui les empêchera d’avoir accès à toute l’information disponible;
  • Des problèmes continues liés aux droits d’auteurs et au plagiat;
  • Un mauvais comportement, tel que le piratage électronique et le spam;
  • Des sites statiques qui ne changent jamais ("cobwebs").

Et enfin, selon Ellis, l’un des plus grands problèmes du volontariat et des TIC n’a rien à voir avec les ordinateurs: "dans le domaine de la coordination des volontaires, il y a beaucoup d’ignorance. Si vous n’avez pas appris à gérer des volontaires en situation réelle, la connexion à Internet n’améliorera guère la situation."

Etat actuel du volontariat et des TIC par région

Date:

7 décembre 2003, 9h30 à 10h15

Modérateur:

Mahendranath Busgopaul, Halley Movement, Ile Maurice, IAVE Afrique

Rapporteurs:

Randy Schmieder, Laila Petrone, Cornelia Rauchberger

Orateurs:

  • Viola Krebs, ICVolontaires et Point de Contact de la Famille des Volontaires du SMSI 

  • Henri Valot et Mérault B. Ahouangansi, VNU International, Spécialiste TIC au PAVD 

  • Diana Trahan de Netcorps-Cyberjeunes

Cette session a examiné le statut actuel du volontariat et des nouvelles technologies dans toutes les parties du monde en analysant ses forces, ses faiblesses, les possibilités qu’il offrait et les menaces qui sévissaient dans chaque région.

Viola Krebs, de ICVolunteers et Point de Contact de la Famille des Volontaires du SMSI, a présenté un bref historique de la Famille des Volontaires du SMSI et a mentionné ses principales réalisations. Un des événements important de la Famille des Volontaires a été le Symposium International sur le Volontariat et le Développement de Compétences Humaines dans la Société de l’Information (ISV 2003) qui a eu lieu à Dakar du 23 au 25 octobre 2003.

Mme Krebs a mis l’accent sur l’importance du développement de compétences locales pour la réalisation de projets. Elle a fait référence à Tim Burners Lee qui a inventé le http de façon indépendante et non comme dans le cadre d’un projet porté par une organisation. Elle a également résumé les projets futurs de la Famille des Volontaires en ajoutant: "Nous sommes encore tout au début de notre travail. Il est important de nous assurer que nous pouvons nous adapter aux besoins réels du terrain."

Mme Krebs a également dit que le SMSI était une occasion de déceler les problèmes auxquels nous nous trouvons confrontés quand il s’agit de technologie. "Nous devons pouvoir transformer l’information en connaissance" a-t-elle dit et "les volontaires ont un rôle clé à jouer dans le développement de la société de connaissances." Elle a ensuite donné quelques exemples de volontariat et parlé du Symposium de Dakar en expliquant comment les volontaires et les experts pouvaient travailler ensemble sur ces projets.

Mme Krebs a parlé de l’exposition photo qui a eu lieu dans le cadre de ICT4D et qui montrait 70 photographies réalisées par dix photographes qui avaient voyagé dans le monde entier pour saisir l’interaction qui existait entre le volontariat et les TIC. Elle a également parlé du film "Tout à partir de rien" qui est une recherche portant sur l’utilisation d’Internet au Sénégal et au Mali.

imageHenri Valot et Merault Ahouangansi du Programme des Volontaires des Nations Unies (VNU) ont présenté un de leurs projets qui a lieu au Mali. Ils ont parlé de difficultés, des objectifs et des perspectives du projet en soulignant l’importance du dialogue et de la coopération entre les pays. Pour illustrer leurs propos, ils ont expliqué comme les dons de vieux ordinateurs de la part des pays développés avaient permis à un pays comme le Mali de commencer à enregistrer les nouveau-nés.

M. Valot a exposé les principales difficultés que rencontrait le volontariat en Afrique; celles-ci se résument à la sensibilisation et au besoin de matériel. Il a continué à présenter son travail avec le maire de Tombouctou et Afrique Initiatives ainsi que d’autres acteurs qui ont aidé à installer la première mairie du Mali en ligne (www.tombouctou.net). Il a également parlé de l’UNITes, le service de technologie des Nations Unies (www.unites.org), un programme de VNU. Dans le contexte de leur travail au Mali, le rôle des VNU est d’offrir de la formation en collaboration avec des partenaires locaux et nationaux.

Diana Trahan a présenté Cyberjeunes (Netcops), un programme de Jeunesse Canada Monde, quipermet à de jeunes Canadiens de vivre une expérience de volontariat en Afrique, en Amérique latine ou en Europe de l’Est. Le travail de Cyberjeunes consiste principalement en du volontariat relié aux TIC et à Internet, en des formations ainsi qu’en de la programmation Internet et de banque de données.

Cyberjeunes est une coalition d’ONG qui existe depuis cinq ans, et qui est financée par le Gouvernement du Canada. Chaque année, Cyberjeunes envoie plus de 250 volontaires dans le monde entier pour aider dans presque tous les domaines allant de l’agriculture au développement. Mme Trahan a ensuite projeté une vidéo pour présenter la mission et les projets de du programme ainsi que quelques-uns de ses partenaires. Cyberjeunes (Netcorps) travaille entre autres avec Geekcorps, (www.geekcorps.org), une organisation américaine qui combine les experts du secteur privé avec les besoins des pays en développement. Geekcoprs est née en tant que "spin-off" au moment du boum des compagnies Internet dans la Silicon Valley.

Cyberjeunes (Netcorps) travaille également avec Net Corps Americas (www.netcorpsamericas.org), un projet de Trust of the Americas (TOA) qui apporte une assistance en technologie à des personnes vivant avec un handicaps dans les Amériques. Net Corps Americas fait appel à des volontaires spécialisés dans le domaine des technologies. Elle engage et envoie environ 15 à 20 volontaires qui parlent anglais ou espagnol et qui ont des connaissances en TIC pour aider les organisations avec qui elle a un partenariat.

Mme Trahan a expliqué qu’au début, en 1999, il était difficile de trouver des volontaires, en partie à cause d’un manque de promotion du programme, mais que, grâce à l’expérience, au bouche-à-oreille et aux changements survenus dans l’économie, les choses ont changé.

Date:

7 décembre 2003, 13h30 à 15h30

Modérateur:

Anthony Carlisle, IAVE Asia Pacific

Rapporteurs:

Randy Schmieder, Laila Petrone, Cornelia Rauchberger

Orateurs:

  • Sandra Blanco, Fondation pour la solidarité et le volontariat de la communauté valencienne 

  • Marcus Hallside, AMS Advanced Maintenance Systems Ltd. 

  • Dr. Mike Naftali, Topaz International 

  • Dr. Haim Ayalon, Topaz International  

  • Luz Stella Alvarez et Carlos Rodrigues, IAVE Amérique latine

L’après-midi a commencé avec la présentation d’un documentaire de 25 minutes qui portait sur l’utilisation d’Internet au Sénégal et au Mali. Ce film montre que la fracture numérique ne se situe pas seulement entre le Nord et le Sud, mais peut-être encore plus entre l’Afrique urbaine et l’Afrique rurale. De plus, il ne faut pas penser que l’expansion de la technologie devrait être accomplie à n’importe quel prix et par n’importe quel moyen. Le personnage principal du documentaire, un Touareg qui vit dans le désert du Sahel, résume bien cette idée quand il affirme: "Vous, dans l’Occident, vous dépendez du temps, mais ici c’est le temps qui dépend de nous; (…) je ne suis pas contre la technologie, ajoute-t-il, mais nous avons d’autres priorités. Dans ma tribu nous sommes 2’000 personnes et je suis le seul à savoir lire et écrire."

Cette session a également examiné le statut actuel du volontariat et des nouvelles technologies dans toutes les parties du monde en analysant ses forces, ses faiblesses, les possibilités qu’il offrait et les menaces qui sévissaient dans chaque région.

Europe

Sandra Blanco de la Fondation pour la solidarité et le volontariat de communauté valencienne (FSVCV) a présenté le travail de sa fondation: 1‘600 associations et 60’000 volontaires bénéficient directement et indirectement de l’aide que fournit la fondation. Souvent, le matériel informatique nécessaire est trop cher pour les organisations de volontariat disposant de moyens très modestes. C’est la raison pour laquelle qu’il est essentiel d’établir des partenariats avec des sociétés telles que Microsoft. Cette dernière a fait d’importants dons à la FSVCV dont des logiciels, des ordinateurs et du matériel divers. Mme Blanco a souligné qu’un plan de mise en oeuvre peut être extrêmement utile lorsqu’on travaille avec les TIC, dans la mesure où il fournit les détails techniques sur le matériel et les logiciels, ainsi facilitant l’organisation ou la mise en application du programme.

Dr Mike Naftali et Dr Haim Ayalon (Topaz International) ainsi que Marcus Hallside (AMS - Advanced Maintenance Systems Ltd.) ont parlé de partenariat entre le secteur public et privé.

Ils ont présenté Topaz International, une ONG israélienne, et ont exposé leur concept servant à gérer le risque et les ressources dans le domaine du volontariat. Topaz a été créée il y a environ quatre ans et se spécialise dans l’appui de la jeunesse dans les pays en développement et contre le travail des enfants. Ils ont commencé leur présentation en posant deux questions: (1) pourquoi est-il important d’utiliser les TIC? (2) comment aider les ONG à utiliser ces nouvelles technologies et à en profiter pour atteindre leurs objectifs? Ils ont souligné que lorsqu’on parle de fracture numérique, il est important de se rappeler que plus la technologie avance et plus la fracture s’aggravera. Cependant, une bonne infrastructure permet de mieux gérer les ONG. En effet, elle facilite la collecte de fonds, elle permet d’optimiser les connaissances et les compétences, de gérer de façon efficace les clients, de surveiller les programmes ainsi que de s’occuper des ressources humaines et de les gérer.

Hafuch al Hafuchis est un exemple de centre qui s’occupe des jeunes gens en difficulté en les aidant à trouver un travail et un nouvel endroit où vivre. Le centre accomplit un travail de proximité à l’aide de onze vans équipés d’ordinateurs, transformés en lieu de formation. Les formateurs sont des volontaires. Il n’est pas rare qu’une fois formés, les jeunes deviennent eux-mêmes formateurs pour former d’autres. C’est l’un des éléments de succès du programme. Ce dernier n’établit pas une collection exhaustive de données, mais se concentre plutôt sur la personne, en assurant un suivi de cas individuels. Les TIC sont utilisées pour gérer et pour mieux surveiller les diverses ressources et processus possibles. Les problèmes principaux des TIC sont qu’elles sont chères. De plus, elles comportent des risques pour le développement, dans la mesure où elles mettent l’accent plus facilement sur données purement quantitatives plutôt que qualitatives. Les activités du centre sont très dynamiques et les décisions sont nombreuses; les TIC rendent possible la saisie de les données pertinentes et la création de procédures permettent de traiter au mieux les données enregistrées. Le problème du volontariat est que les volontaires restent souvent que pour des courtes périodes, ce qui rend difficile la création d’une équipe stable. Pour utiliser adéquatement les TIC dans cet environnement, il est essentiel de disposer d’une présentation simple et claire des fonctionnalités et applications technologiques. Les TIC permettent de savoir où on peut trouver des jeunes ayant besoin d’aide; ils facilitent également l’organisation des horaires des événements, ainsi que la communication interne. L’expérience du centre montre que les TIC peuvent amener de grandes améliorations à condition qu’elles soient bien utilisées.

Amérique latine

Carlos Rodriquez (IAVE Colombia, www.iave.colombia.net) a présenté la situation d’IAVE dans le domaine des TIC en Amérique latine. Il a affirmé que toutes les TIC n’étaient pas adéquates pour le secteur du volontariat. Pour discuter de questions relatives aux TIC, IAVE Colombia a pris l’initiative d’organiser une table ronde avec des groupes à intérêts multiples. Ils ont essayé de savoir quel était le meilleur type de TIC, pour quel domaine en particulier, quelles autres applications étaient possibles et ce qui devrait être recommandé pour les pays d’Amérique latine en particulier.

Tout en se concentrant sur les besoins du secteur du volontariat, ils ont proposé de formuler des politiques publiques qui appuient l’utilisation des TIC dans le domaine du volontariat. Selon M. Rodrigues, on a davantage besoin de politiques publiques que de politiques gouvernementales. En effet, malheureusement, ajouta-t-il, la corruption est un problème très important en Amérique latine qui touche de nombreux gouvernements de la région. De plus, IAVE Amérique latine a proposé la mise en place d’un système d’information intitulé "pour le volontariat". Les guillemets indiquent que ce système doit être conçu pour ses bénéficiaires, c’est-à-dire les personnes et les organisations travaillant dans le domaine du volontariat. Il doit également être facile à utiliser et réellement bénéfique pour l’utilisateur. Il est donc essentiel de penser à des applications pratiques qu’il pourrait avoir et d’assurer des formations dans le domaine. M. Rodrigues a expliqué qu’après son expérience, "les gens associent les TIC avec le matériel informatique. Cependant, l’utilisation des TIC implique beaucoup plus que cela, il s’agit d’un certain savoir-faire qui ne se limite pas à des solutions strictement matérielles." M. Rodrigues a ajouté que IAVE Amérique latine appuie l’utilisation de logiciels libres. A l’instar de Susana Ellis dans son discours, M. Rodrigues a insisté sur le fait qu’il existe un sujet qui est de plus en plus sensible localement: "Nous avons besoin de plus de pages en espagnol".

Selon M. Rodrigues, les difficultés principales liées aux TIC et au volontariat sont:

  • Manque de ressources financières
  • Problèmes culturels (résistance au changement, individualisme)
  • Langue
  • Manque de promotion (ONG, gouvernements, médias)
  • Bas niveaux d’éducation

Du point de vue de Luz Stella Alvarez, également d’IAVE Columbie, le programme local a beaucoup évolué depuis les six derniers mois.

Questions

Mikael H. Snaprud (Agder University College, Department of ICTs) de Norvège a demandé si les volontaires pouvaient fournir des logiciels libres servant à créer et héberger des sites que l’on peut télécharger du monde entier; ces logiciels seraient particulièrement utiles pour les personnes souffrant de handicaps.

Les réactions à cette question étaient mitigées. Certains pensaient qu’il s’agissait d’une façon d’avoir de bons rendements tout en déboursant des frais minimaux. Un délégué a cherché à avoir de l’espace sur le serveur d’IAVE en affirmant que l’accès dans son pays pouvait coûter jusqu’à 200 dollars américains par mois. (NDLR: on peut acheter de l’espace sur un serveur partout dans le monde, cela n’aura aucun effet sur les frais de connexion).

Tendances dans le domaine du volontariat et des TIC

Date:

7 décembre 2003, 13h45 à 14h30

Modérateur:

Viola Krebs, ICVolunteers et Point de Contact de la Famille des Volontaires du SMSI

Rapporteurs:

Randy Schmieder

Orateurs:

  • Ovid Tzeng, Academia Sinica, EduCity: un réseau de volontaires dans le domaine de l’éducation

  • Manuel Acevedo, Consultant pour VNU, Université libre de Catalogne

Pendant cette session, on a partagé des idées sur les possibilités intéressantes qu’offrait le développement des nouvelles technologies pour l’expansion du volontariat.

Ovid Tzeng de Academia Sinica, EduCities a expliqué qu’un réseau de volontaires en éducation a présenté EduCity, la première ville éducative au monde qui d’ailleurs a été un véritable succès. L’idée principale est que tout le monde puisse être présent et utiliser le net. Lorsque la science progresse, la civilisation change de nature. Dans le passé, les gens habitaient dans leur village et pensaient que le monde était illimité, maintenant tout est si petit. La révolution industrielle a amené la manipulation et l’automatisation, le partage de la révolution numérique et son accès libre, la gestion de la révolution biotechnologique et l’amélioration de la qualité de vie. De nos jours, il y a ceux qui ont accès à la science et ceux qui sont laissés à l’écart. Les compétences doivent être développées à tous les niveaux. Il est important de changer la vision de l’étudiant et que nous aidions à assurer l’émergence d’une société en réseau et d’une éducation basée sur la communauté. Tous ceux qui se joignent à nous sont des volontaires qui ont pour objectif d’enseigner, d’apprendre et de promouvoir les notions de responsabilité sociale et de bon citoyen. Il s’agit d’un réseau interactif et il est évident que les étudiants s’y intéressent et pourraient même aider dans l’enseignement. Par exemple, un jeune de 13 ans qui a gagné le prix du meilleur professeur en ligne créait des cours sur Internet auxquels de nombreuses personnes assistaient. C’est ainsi qu’on peut réaliser l’apprentissage et l’enseignement à l’échelle d’une vie. Au total, 1,3 million de citoyens participent aux 2400 cours dans 25000 classes sur le net. Le modèle de l’enseignement change également. Les appareils d’enseignement mobiles connectent les classes, les autobus scolaires sans fils et créent un environnement qui facilite l’apprentissage. Les experts peuvent participer aux discussions en utilisant des ordinateurs de poche et des portables alors que l’étudiant lui est en pleine campagne. Il devient donc possible d’apprendre n’importe où, ce qui met l’accent sur l’importance d’apprendre comment vivre dans une société de l’information moderne.

Manuel Acevedo, un consultant de VNU, a cité un écrivain d’Afrique du Sud: "la pauvreté est la somme de toutes ses faims". Si on utilise bientôt les TIC comme outil la question est de savoir pour quoi on les utiliserait. Selon Acevedo, si on considère l’information comme matière première, les TIC auront au bout du compte une valeur, celle que les gens accorderont à l’information. Il ne s’agit pas seulement de permettre à l’agriculture d’avoir accès grâce à Internet aux les prix qui l’intéressent. Comment les volontaires peuvent aider à combler le fossé numérique? Les stratégies de développement doivent être adaptées à la société de l’information émergeante, ce à quoi les volontaires ont déjà largement contribué. Le volontariat devient un atout important pour la création d’une société plus inclusive. Il y a des personnes compétentes qui veulent contribuer à l’expansion des TIC et améliorer l’action de développement. Il existe d’ailleurs plusieurs organisations qui se spécialisent dans ce domaine comme l’initiative UNITeS. Et si on se demande s’il faut choisir les ordinateurs ou la nourriture, on se pose la mauvaise question: Les TIC peuvent permettre le développement humain. En effet, l’information est une matière première et elle doit être disponible parce qu’elle permet le développement humain. Il est nécessaire que différents types d’information soient accessibles car elles peuvent toutes être utiles, comme le prix d’une récolte pour un agriculteur. Les volontaires peuvent amener les TIC à ces personnes. On peut donc dire que le volontariat en TIC fait partie du domaine du développement humain. La question inverse se pose également: quel est l’incidence des TIC sur le volontariat? Les TIC sont très utiles pour le travail des volontaires. Si on les utilise de façon efficace elles amélioreront l’action de l’organisation et rend l’implication d’un plus grand nombre de volontaires possible, y compris les volontaires en ligne. Elles améliorent également la gestion des volontaires et la communication entre ces derniers. Le volontariat en ligne est l’expression la plus simple de l’organisation des volontaires en réseau. Aujourd’hui les réseaux génèrent le savoir et le savoir est partagé grâce à eux. Les deux questions les plus importantes qu’il reste à résoudre aujourd’hui sont les suivantes: quels types de réseaux peuvent exister? et comment peuvent-ils mieux fonctionner?

Les réseaux de volontaires ont pour atout d’augmenter considérablement la coopération internationale. Acevedo a choisi de laisser tomber certains de ses problèmes secondaires pour se concentrer directement sur l’intégration des compétences dans le développement des TIC. Etant donné que les compétences humaines sont ce qu’il y a de plus important, peu importe les résolution prises pendant le SMSI, elles auront plus de chance de réussir si on y tient compte de volontariat. En conclusion, les TIC sont une ressource puissante de développement qui exploite le pouvoir des réseaux.

Forum ouvert sur le développement du volontariat et dans la société de l’information

Date:

7 décembre 2003, 14h30 à 15h00

Modérateur:

Viola Krebs, ICVolunteers et Point de Contact de la Famille des Volontaires su SMSI

Rapporteurs:

Randy Schmieder

Pendant ce forum et la synthèse qui suit les participants ont précisé leurs idées au sujet de la façon dont le volontariat pourrait contribuer au développement humain et à combler le fossé numérique dans l’avenir. Le modérateur, Mme Krebs, a fait référence au papier de Sfeir Younis, "Volunteer capital".

Forum

imageMikael H. Snaprud (Agder University College, Département des TIC, Norvège) a précisé qu’il était nécessaire de fournir des normes publiques pour les logiciels. A ce sujet, il a suggéré le W3C. Michael Jordan de International Council of Carrying Communities a suggéré que les Jeux olympiques devraient aider à promouvoir certaines des questions soulevées. Il a dit qu’il préparerait un papier pour développer ses idées. Réponse de Manuel: intéressant mais je ne sais pas. Une telle promotion permettrait d’avoir une bonne visibilité ou devrait le faire. "Je sais que vous êtes tous très actifs mais quand arrive le moment où il faut dire aux gouvernements que les ONG aident vraiment, le fait décrire cette contribution en termes économiques est très intéressant."

Les TIC existent et offrent une panoplie de possibilités attrayantes. Les volontaires quant à eux sont disponibles. Les deux problèmes principaux qui se sont posés quand on a voulu combiner ces deux éléments sont les suivants:

1) Le besoin d’infrastructure (organisation et coordination)

  • Connecter les volontaires entre eux grâce à la technologie
  • Connecter les volontaires à la technologie
  • Permettre aux volontaires d’utiliser la technologie pour combler le fossé numérique

2) Les moyens financiers pour mettre en place les infrastructures nécessaires

Synthèse et discours liminaire sur les visions et les objectifs communs

Date:

7 décembre 2003, 15h00 à 15h30

Modérateur:

Viola Krebs, ICVolunteers et Point de Contact de la Famille des Volontaires du SMSI

Rapporteurs:

Randy Schmieder

Pendant cette session, les participants de plusieurs régions ont présenté des exemples où le volontariat a contribué au développement humain et a aidé à combler le fossé numérique avec succès.

Naidoo Kumi Naidoo de CIVICUS (World Alliance for Citizen Participation) a immédiatement voulu détruire le stéréotype des volontaires en tant que personne qui aide. Une tâche des volontaires est de combler le fossé qui existe entre le volontariat et le militantisme social, fossé qui induit beaucoup en erreur: "La plupart des gens associe le volontariat avec la soupe populaire. Nous devons changer ce préjugé. Il est inutile d'essayer de régler le problème de la fracture numérique sans faire le lien avec d’autres problèmes mondiaux plus importants. La conclusion à laquelle nous sommes arrivés est que nous vivons dans un monde d’inégalité. Le coût de la nourriture pour chien dans le Nord et souvent supérieur au coût de la vie dans le Sud", a souligné M. Naidoo.

Il a poursuivi en disant que ce qu’il y a avait de plus intéressant dans les mouvements anti-mondialisation est qu’il s’agissait des mouvements les plus mondialisés qui soient. Les TIC permettent aux gens de travailler sans tenir compte des frontières et de mobiliser un nombre important de personnes.

Cependant, Naidoo a également précisé que les TIC comportaient des risques comme la pornographie infantile, l’antisémitisme, l’islamophobie qui sont des problèmes bien connus.

Défis:

D’abord, M. Naidoo a dit qu’il était important de distinguer les deux volets du débat. D’une part, nous nous demandons comment promouvoir le développement et, d’autre part, nous nous demandons comment aider les volontaires à participer au monde des TIC en le rendant plus juste.

M. Naidoo ensuite ajouté qu’il fallait faire des choix difficiles quand il s’agissait de fracture numérique. Il est donc important de bien réfléchir aux choix que nous faisons pour pouvoir répondre aux critiques. Ainsi, comment peut-on parler d’accès à Internet et aux TIC pour des gens qui ont le VIH? Devrions-nous nous occuper des personnes les plus marginalisées? Devons-nous investir dans des gens dont la durée de vie est limitée? Que devons-nous faire des problèmes linguistiques?

Le troisième problème est que le volontariat peut agir sur trois niveaux ou sur un seul: le macro-niveau (gouvernance), le mezzo-niveau (politique) et le micro-niveau (aide directe). Sur lequel de ces niveaux devrions-nous travailler? Le micro-niveau est généralement celui sur lequel nous agissons, c’est-à-dire la logistique. Cependant, si nous ne travaillons également pas au mezzo-niveau en proposant des politiques et en fournissant des fonds (devrait-il y avoir un fonds d’appui à l’accès aux TIC) et au macro-niveau en s’occupant des questions comme la gestion d’Internet et la reconnaissance des volontaires comme un partenaire d’importance au niveau mondial, nous allons nous trouver dans une impasse. "Nous devons être convaincus que nous avons une voix plutôt que simplement attendre les décisions et s’y adapter".

Finalement, il a évoqué un dernier problème: le domaine des ICT est truffé de termes techniques et les sujets dont on parle sont en effet souvent de nature technocratique. Ainsi, "nous prenons le risque de mettre le travail que nous avons déjà effectué en danger parce que les gens ne comprendront pas ce que nous faisons. La question sera de s’assurer que ce que nous ajoutons à notre travail est compréhensible pour tout le monde", affirma Naidoo.

Le volontariat est par dessus tout une action guidée par la compassion, la solidarité et l’amour et quand il s’agit de traiter d’un sujet technique, il est difficile de garder ces valeurs à l’esprit.

M. Naidoo a ensuite cité John Clark, conseiller en politique chez Oxfam depuis plusieurs années, qui a dit une fois pendant une réunion de Civicus aux Philippines: "Si vous donnez un poisson à un homme, vous lui donnez la nourriture dont il a besoin pour une journée". Puis, en se rendant compte que ce n’était pas là la fin de l’histoire, il ajouta: "Si vous apprenez à homme comment pêcher, aura-t-il accès à une eau non polluée?"

M. Naidoo expliqua ensuite l’idée plus simplement: "Les gens ont des compétences acquises. Nous devons améliorer ces compétences." Il insista ensuite sur le besoin d’examiner les questions d’accès et de pouvoir. Il a terminé en disant que si nous ne réussissions pas à nous poser des questions sur ces deux sujets nous échouerons, peu importe le nombre de formations que nous organiserons.

Groupe spécial: applications réussies de TIC dans le domaine du volontariat

Date:

8 décembre 2003, 9h00 à 10h00

Modérateur:

Diane Trahan, Netcorps Cyberjeunes

Rapporteurs:

Topias Issakainen, ICVolontaires

Orateurs:

  • Luis Felipe Murray of Sociedade Iko Poran 

  • Pierre Carpentier (Afrique Initatives, people@net  

  • Mohamed Ibrahim Cisse, Maire de Tombouctou 

  • Arman Vermishyan de Internet Forum Environment Armenia 

  • Bill Gunyon, OneWorld Directeur de projet et coordinateur de the OneWorld Volunteer Editors

Les présentateurs membres de gouvernements, d’ONG ou d’organisations du secteur privé ont donné des exemples de partenariats réussis entre le secteur du volontariat et d’autres secteurs. Luis Felipe Murray de Sociedade Iko Poran (Brésil) a expliqué comment le partenariat menait à des synergies à la fois entre les ONG elles-mêmes et entre les ONG et le secteur privé. D’abord, Pierre Carpentier d’Afrique Initiatives, une société du secteur privé, a expliqué comment les volontaires et le secteur privé ont des rôles complémentaires dans le domaine du développement durable. Puis, Mohammed Ibrahim Cissé, Maire de Tombouctou (Mali), a montré comment les gouvernements, notamment ceux des pays en développement, peuvent bénéficier des partenariats impliquant plusieurs acteurs, y compris les volontaires, en donnant l’exemple de sa ville. Arman Vermishyan du Youth Environment Center Network (Arménie), quant à lui, a expliqué que la combinaison du volontariat avec les TIC peut augmenter la participation des jeunes dans des décisions qui avaient une incidence sur leur vie et leur avenir, notamment celles concernant l’Europe de l’Est. Finalement, Bill Gunyon, chef de OneWorld Volunteer Editors, a parlé de la combinaison entre un esprit volontaire et l’accès aux médias mondiaux et de la façon dont de cette union pouvait augmenter la transparence, l’autonomie et le développement durable.

Le partenariat mène à la synergie au Brésil: l’exemple de Iko Poran

Luis Felipe Murray de Sociedade Iko Poran (Brésil) (www.ikoporan.org). L’ONG Iko Poran (IKP) a pour mission de soutenir le nombre croissant d’ONG au Brésil et de les renforcer. IKP voit le volontariat comme un partenariat devant aussi bien satisfaire les volontaires que profiter aux ONG concernées. Etant donné que ces deux acteurs ont des intérêts communs, les deux en seront valorisés. De toutes façons, les organisations du secteur tertiaire ne réussiront pas en travaillant seules. Toutefois les traditionnelles motivations philanthropiques du volontariat cèdent la place aux alliances stratégiques. En effet, IKP compte parmi ses principaux partenaires IBM, VNU, l’UNESCO, Yes Brazil (grande boutique de mode), les organisations touristiques et le Programme des Volontaires Internationaux Associés (basé aux Etats-Unis).

L’un des partenariats les plus intéressants d’IKP est celui d’IBM. En effet, IBM achète certains services à IKP et, par la même occasion, ouvre à cette dernière de nouveaux marchés. Ainsi, il existe un programme qui permet à dix employés issus de différents services d’IBM d’installer des ordinateurs dans de petits villages brésiliens. Dans cette opération, tout le monde y trouve son compte: l’école bien sûr, mais aussi IBM qui assure l’expansion de sa responsabilité d’entreprise. De plus, les employés d’IBM peuvent ainsi découvrir la réalité sur le terrain, retourner au travail, plus motivés, et partager leur expérience avec leurs collègues. Les intérêts d’IBM et d’IKP ne sont pas identiques, ils se complètent néanmoins parfaitement.

Travailler avec des volontaires pour trouver des modèles de développement durable en Afrique

Pierre Carpentier (Afrique Initatives, people@net) a expliqué comment il avait progressivement apprécié les volontaires en tant que partenaires. Selon M. Carpentier, la coopération entre le secteur privé et la société civile est non seulement possible, mais nécessaire. Tant le secteur privé que tous les autres acteurs ont besoin l’un de l’autre pour efficacement faire face aux problèmes mondiaux, tels que le développement durable. Un projet durable est un modèle économiquement viable et, par conséquent, reproductible en d’autres lieux. Carpentier a expliqué que, vu que sa compagnie est principalement active sur le continent africain, la solidarité est un élément clé pour son travail. Afrique Initatives a besoin de partenariats réels et solides. La Famille des Volontaires est un partenaire idéal car il s’agit d’un organisme qui se trouve sur le terrain, ce qui veut dire que les volontaires sont familiers avec les problèmes de développement et les besoins concrets. Pésinet, un projet d’Afrique Initiatives à St Louis (Sénégal) montre qu’il existe des applications de TIC dont la durabilité peut être assurée. Sur 30 propositions, huit ont effectivement été mises en œuvre et ont aujourd’hui été adoptées par la population locale. Une équipe de dix personnes collaborant avec ENDA Tiers-Monde et d’autres services ont fourni des prestations telles que la météorologie pour la pêche ou encore une antenne de santé pour enfants. Cette dernière permet aux médecins de surveiller la santé des plus jeunes en suivant les courbes de poids des nourrissons. M. Carpentier considère qu’à l’heure actuelle les possibilités de commerce électronique sont plutôt limitées voire qu’elles relèveraient de la science-fiction. Tout système viable peut trouver sa place grâce au financement et au partenariat technique. Enfin, ce sont les volontaires qui peuvent garantir sa bonne mise en oeuvre, comme le prouve l’administration virtuelle de Tombouctou (www.tombouctou.net).

Mohamed Ibrahim Cisse, Maire de Tombouctou, Mairie virtuelle

Entourée par le désert, Tombouctou, ville ancienne située près du fleuve du Niger, est non seulement un centre culturel et d’éducation, mais également un chef-lieu administratif du Mali. Un télécentre communautaire polyvalent comprenant un cybercafé y a été créé en 1998. A Tombouctou, il existe un intérêt croissant pour les nouvelles technologies et la connectivité avec le monde extérieur.

Les jeunes sont les principaux utilisateurs de ce centre, mais d’autres entités (groupements de femmes, groupes religieux et autres) l’utilisent à des fins administratives et de gestion. La connexion y est quasiment gratuite, ce qui permet aux élèves de l’utiliser pour leurs études. Le site www.tombouctou.net donne diverses informations d’ordre régional, tandis que le service "la mairie vous écoute" permet aux populations locales d’avoir des informations sur les démarches administratives. Le résultat de cet intérêt pour la technologie et de l’ouverture au monde extérieur est que Tombouctou, l’une des 703 communes du Mali, est sortie de l’isolement et que les autorités locales, décentralisées, sont plus transparentes. Cela a été possible grâce à des financements venant de l’ONU et il est souhaitable de pouvoir étendre ce type d’expérience à d’autres communes.

La télé-médecine est une autre application des nouvelles technologies: les médecins, isolés dans les communes rurales peuvent, grâce à Internet, recevoir des informations de collègues expérimentés situés à des milliers de kilomètres, rendant ainsi possible le traitement de patients dans leurs propres villages. En effet, les déplacements vers la ville sont souvent difficiles, voire impossibles.

Combiner la jeunesse, l’environnement et Internet en Europe de l’Est

Arman Vermishyan du "Internet Forum Environment Armenia" a présenté son projet: un réseau de centres jeunesse pour l’environnement. Il a souligné que les coûts élevés des services Internet dans les pays en développement font que l’accès y est insuffisant voire impossible, ce qui est particulièrement problématique pour les étudiants. De plus, même lorsque l’accès au réseau existe, l’information n’est pas toujours utilisée de manière efficace et utile. La jeunesse arménienne porte un grand intérêt pour l’environnement, mais il y a une pénurie des centres de formation. Cette pénurie a pour conséquence une mauvaise coordination des activités tant au niveau local que national. Il existe de nombreux problèmes sur le plan local et un réseau rendrait possible l’intégration des communautés rurales dans le processus de décision. Vermishyan a expliqué que lui et ses collègues étaient à la recherche de fonds pour créer le réseau de centres jeunesse pour l’environnement (YECs), dont les objectifs sont de promouvoir les activités environnementales, de fournir de l’information et d’assurer formation et séminaires. Le but du réseau est d’établir un lien entre les différentes branches des YECs, ainsi qu’entre les YECs, le gouvernement et les organisations internationales.

OneWorld Volunteer Editors: élaborer des nouvelles dans le Sud pour les Nord grâce au volontariat

Grâce à un réseau de 12 centres régionaux, OneWorld a créé une communauté virtuelle connectant plus de 1 500 organisations partenaires actives dans les domaines des droits de l’homme et du développement durable. Son produit le plus visible est le portail de développement www.oneworld.net, site multilingue créé en 1996, fréquenté aujourd’hui par les internautes d’une centaine de pays à la recherche de nouvelles et d’analyses concernant des sujets souvent négligés par les médias généralistes. Jusqu’à tout récemment, les éditeurs du site étaient tous des journalistes professionnels ou des travailleurs du développement, mais, à l’heure actuelle, des pages spécifiques sont éditées par des volontaires. Ces volontaires (aujourd’hui au nombre de 35) sont recrutés par Netaid, le site et le bureau régional de OneWorld. Les éditeurs volontaires ont changé la perspective stratégique de toute l’organisation et contribuent à corriger le déséquilibre conséquent à la prédominance d’éditeurs du Nord. Dans le cas du Sénégal et d’autres pays, des volontaires locaux se chargent de mettre à jour le contenu des pages du site. L’information est alors fournie par des personnes du Sud et lue principalement par un public résidant aux Etats-Unis et en Europe. Vu l’impossibilité de former les volontaires sur place, OneWorld a également développé une version simplifiée du système de gestion de contenu, permettant aux éditeurs volontaires d’enregistrer leurs articles directement sur le portail de OneWorld. Des outils de gestion d’articles permettent aux coordinateurs de OneWorld d’éditer et de publier les articles écrits par des volontaires dans les différents pays. Dans le contexte de ce projet, ces outils sont l’illustration la plus évidente des possibilités d’application des TIC dans les pays en développement, par le fait qu’elle connecte directement des volontaires du Sud à un public mondial.

Groupe de discussion sur la façon dont les volontaires peuvent renforcer les TIC et les TIC renforcer le volontariat

Date:

8 décembre 2003, 10h00 à 12h00

Modérateur:

Kenn Allen

Rapporteurs:

Randy Schmieder

Orateurs:

  • Luis Felipe Murray de Sociedade Iko Poran 

  • Pierre Carpentier (Afrique Initatives, people@net) 

  • Mohamed Ibrahim Cisse, Maire de Tombouctou 

  • Arman Vermishyan de Internet Forum Environment Armenia 

  • Bill Gunyon, OneWorld Directeur de projet r et coordinateur de OneWorld Volunteer Editors

La présente session a permis aux participants d’échanger leurs points de vue au sein de petits groupes de discussion formés en fonction des langues de chacun (anglais, français et espagnol). Les questions suivantes ont été abordées:

  1. Comment renforcer le travail des volontaires en rendant les TIC plus accessibles dans le monde?
  2. Comment utiliser les TIC efficacement pour renforcer le volontariat?

Quelques-uns des points soulevés comprenaient:

  • Le volontariat pourrait rechercher les services de jeunes gens familiers avec les jeux électroniques ou d’étudiants à la recherche d'emploi dans l’informatique, deux importantes sources de volontaires potentielles dans le domaine.
  • Le Fonds de Solidarité Numérique est potentiellement un bon moyen de réduire le fossé numérique, fonds dont les volontaires pourraient être un acteur clé. Cependant, il est important de garder à l’esprit que les programmes de volontariat ne sont pas entièrement gratuits et nécessitent un budget, une infrastructure, etc.
  • Les volontaires peuvent être très utiles pour des programmes d’alphabétisation, celle-ci étant une condition indispensable à l’utilisation des TIC.
  • Le fait que la communauté des logiciels libres ne soit que très peu représentée dans cette conférence, souligne le besoin de renforcer les liens avec cette communauté.
  • Les logiciels libres (Open Office, Linux, etc.) peuvent être facilement traduits par des volontaires. Ce travail pourrait inciter d’autres fournisseurs de logiciels à étendre leur offre et à proposer leurs produits en plusieurs langues. Par exemple, il a fallu attendre la publication de Open Office en norvégien pour que Microsoft Office soit également disponible dans cette langue.
  • Les sites web devraient être complétés par des études de cas et des exemples de bons partenariats (ex. www.worldwidevolunteer.org).
  • Les organisations devraient s’ouvrir aux nouvelles méthodes de travail qu’offrent les TIC.
  • Les systèmes de télémaintenance et d’édition de contenu devraient être promus car ils permettent aux volontaires motivés de proposer leurs services et leur savoir-faire, quelque soit l’endroit où ils se trouvent.
  • Les personnes et les organisations étant de plus en plus connectées, une plus grande coordination entre organisations est nécessaire.
  • Les efforts volontaires représentent un potentiel d’action efficace important. Cependant, il est essentiel pour les partenaires de comprendre que le volontariat n’est pas synonyme de main d’œuvre gratuite. Les contributions volontaires sont toujours basées sur un échange et les organisations de volontaires ont besoin de soutien financier pour la mise en œuvre de leurs programmes.
  • Le net devrait être utilisé pour permettre aux volontaires de travailler plus étroitement ensemble.

Groupe de discussion: informaticiens sans frontières

Date:

8 décembre 2003, 15h00 à 15h30

Modérateur:

Viola Krebs, ICVolunteers et Point de Contact pour la Famille des Volontaires du SMSI

Rapporteurs:

Janet Tanburn

Orateurs:

  • Silvano de Gennero de Informaticiens sans frontières 

  • Randy Schmieder de MCART 

  • Manuel Acevedo, Consultant du Programme des Volontaires des Nations Unies 

  • Henri Valot, Coordinateur du PAVD (Programme d’Appui à la Décenralisation) du Programme des Volontaires des Nations Unies au Mali

Silvano de Gennero du CERN a présenté son idée d‘"Informaticiens sans frontières" (ISF). Actuellement, un des plus grands problèmes dans le monde de l’informatique est le manque de durabilité des logiciels. En effet, de nombreux cafés Internet n’ont pas les moyens de mettre à jour de façon régulière leur matériel et leurs logiciels. L’idée de M. De Gennaro est de créer une organisation qui offre un ensemble de logiciels libres destinés à équiper les ordinateurs des pays en développement. Le but de l’organisation serait d’adopter, de recommander, de développer, de distribuer et de maintenir des normes durables et abordables et des ensembles informatiques qui visent à satisfaire les besoins élémentaires en TIC dans les pays en développement.

La solution du logiciel libre présente plusieurs avantages: indépendance à l’égard des fabricants de logiciels occidentaux, réduction des coûts et une meilleure durabilité grâce au transfert de compétences et de connaissances informatiques.

Des ressources locales doivent être disponibles, évoluer avec les innovations technologiques et doivent pouvoir suivre les nouvelles tendances en matière de logiciels et de matériel informatique. De plus, les administrateurs locaux doivent parfaitement comprendre la technologie et pouvoir compter sur un service technique disponible, abordable et solide.

En termes économiques, actuellement, le coût du matériel informatique baissent alors que ceux des logiciels augmentent. Le problème de la connectivité dans les régions reculées dépasse celui des prix abordables. En outre, les coûts mondiaux des TIC ne sont pas adaptés au niveau des ressources financières locales. Ainsi, si les ressources locales ne suivent pas l’évolution des innovations en matière de matériel informatique et de logiciels, une autre fracture numérique sera créée.

Linux pourrait être la solution: ce système est utilisé pour fournir un environnement intégré gratuit ainsi que des extensions de gestion à distance qui peuvent être utilisées à partir des Etats-Unis et de l’Europe vers des installations de contrôle éloignées.

La gestion du matériel local serait encore nécessaire mais la création et la distribution du kit élémentaire ne serait pas trop chères. Par exemple, il a suffi de 12 000 dollars pour créer le Web. ISF remplirait le rôle important d’interface entre les fournisseurs et les utilisateurs.

En ce qui concerne la structure de l’organisation, il est préférable qu’elle soit indépendante car cela lui permettrait de réagir et de s’adapter beaucoup plus rapidement que les Nations Unies par exemple. En effet, les scientifiques capables de fournir la technologie ne sont pas nécessairement des experts en communication et ne connaissent pas les problèmes sur le terrain. ISF aurait une expertise à la fois en technologie et en besoins de développement et garantirait un accès indépendant à Internet. Le CERN (Centre européen pour la recherche nucléaire), où le Web a été inventé et où de nombreux informaticiens travaillent, présente déjà un grand intérêt. En effet, il serait possible d’y produire un système libre conventionnel en très peu de temps.

Pour le développement de logiciels, la standardisation est très importante: idéalement, il devrait y avoir une seule solution applicable à tous les domaines au niveau local et traduisible en plusieurs langues locales.

Les coûts principaux résident dans l’entretien qui devra être assuré une fois que le kit de départ est distribué puisqu’il faudra mettre à jour le matériel informatique et les logiciels.

Randy Schmieder de MCART Design a parlé de son expérience avec les rapporteurs volontaires qui devaient produire des déclarations finales sous forme de rapport ou de CD-ROM. Il a expliqué que les problèmes principaux n’étaient pas d’ordre technologique mais humain. Par exemple, la nécessité d’avoir du personnel qualifié; la difficulté d’obtenir les rapports des rapporteurs et le fait de déléguer des tâches. Il existe déjà des solutions de logiciels dans le domaine. De plus, le secrétariat local était formé pour utiliser des rapporteurs volontaires et pouvait entrer directement l’information dans des logiciels libres. Les logiciels libres ont un énorme potentiel et il existe déjà des solutions mais l’élément humain est le plus problématique.

Manuel Acevedo, Consultant pour le Programme des Volontaires des Nations Unies, a expliqué que le logiciel est un outil relié au savoir de génération et que plus il était accessible, mieux cela était. ISF pourrait aider à créer des applications sur mesure pour des groupes en particulier. D’ailleurs, le site de l’UNESCO contient déjà de nombreuses applications de ce type. Les gens savent très peu de choses sur les logiciels libres. Pourtant, les besoins et les moyens à combiner pour satisfaire cette demande sont déjà là, mais des moyens financiers sont nécessaires pour évaluer le niveau de cette dernière. De nombreux volontaires s’inscrivent en ligne et une grande partie du potentiel volontaire n’est pas utilisé.

Henri Valot, Coordinateur de PAVD (Programme d’Appui à la Décentralisation) du Programme pour les Volontaires des Nations Unies au Mali a souligné qu’une intervention d’ISF serait très utile à Mopti, une autre région désertique du Mali au Sud de Tombouctou. Il s’agit aussi d’une région touristique (connue sous le nom de la Venise du Mali) qui cherche à opérer une certaine décentralisation. Ainsi, il serait efficace d’avoir un réseau entre l’assemblée régionale et les régions locales. Pour ce faire, il est nécessaire d’installer des lignes téléphoniques et des radios, ce qui ne coûterait pas très cher, environ 180 000 dollars y compris la formation et la conduite du projet. La difficulté est de savoir quel système et logiciel installer pour assurer la plus grande flexibilité.

Groupe de discussion: comment planifier et coordonner les actions de 2003 à 2005

Date:

8 décembre 2003, 14h00 à 15h00

Modérateur:

Mahendranath Busgopaul, Halley Movement

Rapporteurs:

Janet Tanburn

Orateurs:

  • Izumi Aizu (Glocom Japon) 

  • Huang Guo-Jun (Institute for Information Industry) 

  • Judith Cobeña (18e Conférence mondiale du Volontariat d’IAVE)

Mahendranath Busgopaul (Halley Movement Maurice, IAVE Afrique) a présenté l’action de Halley Movement basé à l’Ile Maurice. Les 50 000 personnes qui bénéficient aujourd’hui d’Internet sur l’île doivent également faire face aux dangers qui accompagnent l’utilisation des TIC. Il s’agit donc non seulement d’éduquer les enfants à utiliser des nouvelles technologies, mais également de les protéger contre la présence de sites pornographiques. Busgopaul a donné quelques conseils pratiques destinés aux parents.

Izumi Aizu (Glocom Japon) a décrit le processus de préparation et de participation de la société civile au Sommet. Il a présenté un bref historique et a ensuite dit que, malgré l’intégration de la société civile dans le processus, celle-ci joue encore à ce jour un rôle marginal. Cependant, plusieurs concessions et compromis ont été trouvés avec les gouvernements, ce qui a permis d’intégrer un grand nombre de contributions de la société civile dans la Déclaration de Principes et dans le Plan d’action.

La difficulté à laquelle fait face la société civile est de montrer sa légitimité et sa responsabilité ainsi que tout particulièrement celles des ONG, pour qu’elles soient impliquées dans les négociations officielles.

Huang Guo-Jun (Institute for Information Industry) souligne que toute société passe par des changements historiques, et ce depuis l’apparition de la première forme d’information. Les sociétés doivent se restructurer en s’adaptant aux TIC; cette transformation étant comparable à celle qui a eu lieu, jadis, lors du passage de l’état agricole à l’état industriel. L’omniprésence de l’information transforme notre mode de vie; la mondialisation étant le fruit ou la conséquence de cette révolution. Cependant, celle-ci présente un danger d’exclusion et de mise à l’écart de certaines populations, comme ce fut le cas lors de la révolution industrielle, où les inégalités sociales ont considérablement augmenté. Ainsi, des efforts doivent être entrepris pour faire des TIC un outil d’intégration plutôt que d’exclusion. Huang Guo-Jun a déclaré adhérer totalement au message de Dakar et a affirmé qu’une culture numérique doit être bâtie.

Grâce à l’accès pour tous à l’information et au rôle important des volontaires, l’humanité a aujourd’hui la meilleure occasion de toute son histoire d’éviter l’injustice sociale.

Judith Cobeña (18e Conférence mondiale du Volontariat d’IAVE) a présenté la prochaine Conférence de Barcelone qui aura lieu du 17 au 21 août 2004,conférence pendant laquelle les TIC seront utilisées. Les délégués sont non seulement invités à participer à la Conférence, mais ils peuvent également d’ores et déjà activement contribuer à sa préparation, grâce aux nouvelles technologies. Cette Conférence valorisera le volontariat et examinera différents thèmes, tels que la diversité culturelle, la prise de conscience sociale et environnementale et l’intégration des TIC dans les programmes d’aide. On peut trouver des informations supplémentaires sur le site officiel de l’événement: www.iave2004barcelona.org.

 

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